Dans la tête des néo-socialistes

Éric Zemmour: «Au secours, la gauche revient!»

Au PS, les lobbys LGBT, féministes et antiracistes sont les nouveaux faiseurs de rois. On est loin du Parti socialiste d’antan. Elle ne se rase pas chaque matin, mais y pense de plus en plus. Si l’on en croit la chronique médiatique, Anne Hidalgo serait tentée par une aventure élyséenne. La ville de Paris ne lui suffit plus ; la France lui tend les bras. En tout cas, c’est ce que murmurent ses amis et affidés. L’ennui, pour eux, c’est qu’elle n’est pas la seule. Rien que chez ses acolytes du Parti socialiste, ils sont nombreux sur la ligne de départ, de l’ancien président François Hollande lui-même, jusqu’à Arnaud Montebourg, en passant par Christiane Taubira, ou même Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération.

Tous font le même calcul: Emmanuel Macron avait été élu par une majorité d’électeurs venus de la gauche. Mais ceux-ci l’ont abandonné en grande partie ; ils ont été remplacés lors des européennes par un électorat venu du centre droit, qui a été effrayé par les «gilets jaunes», et que la répression policière implacable a rassuré. Reste donc un électorat en déshérence qui a plébiscité les Verts lors des municipales, mais qui n’est pas marié exclusivement à la mouvance écologiste. D’où les rêves de grandeur d’Anne Hidalgo qui, à Paris, a cannibalisé à son profit l’écologie politique. D’où les positions écologiques de tous les présidentiables socialistes, jusqu’à Jean-Luc Mélenchon, à la grande fureur du papabile Vert du jour, Yannick Jadot, qui se voit concurrencé sur son terrain de jeu.

Tous ces socialistes visent le même marigot sociologique: les métropoles et leur cohorte de bobos, de femmes diplômées et actives, de minorités sexuelles et ethniques. C’est le terreau Terra Nova. Le mot «socialiste» ne veut plus dire social, mais multiculturaliste. Les lobbys LGBT, féministes et antiracistes sont au cœur du système et faiseurs de rois.

On est loin du Parti socialiste d’antan, parti de militants et de débats idéologiques, entre Mitterrand et Rocard, ou même entre Jospin et Fabius, qui avait l’ambition de façonner un «front de classe», une alliance entre les classes populaires (ouvriers et employés) et les classes moyennes, dirigée par une élite bourgeoise progressiste, sur le modèle inspiré de Jaurès et Blum. Depuis les années 1980, les socialistes français ont abandonné le peuple au nom de l’Europe, et ont abandonné les ouvriers français au nom du libre-échange et du multiculturalisme. Jean-Luc Mélenchon est celui qui va le plus loin dans la tentative de remplacer l’ancien électorat ouvrier par un nouvel électorat immigré et musulman. Arnaud Montebourg est le seul à tenter de reprendre l’électorat populaire français par une critique acerbe de la mondialisation et de l’Europe ; mais son discours chevènementiste ne mord pas sur une France périphérique hantée par le «grand remplacement» autant que par le «grand déclassement».

La querelle inexpiable entre les deux gauches irréconciliables, la laïque et l’islamo-gauchiste, est en vérité plus fondamentale que les controverses économiques. C’est pourquoi ils essayent tous de la mettre sous un tapis «républicain». Mais quelle République défendent-ils?

  • Le Figaro du 15 janvier 2021, par Éric Zemmour

Taubira à la manoeuvre…

Présidentielle 2022: comment les soutiens de Taubira s’organisent pour préparer sa candidature

Une pétition, lancée début décembre pour inciter l’ancienne ministre à se présenter, réunit plus de 15.000 signatures. Ce sont des échanges jusqu’alors restés secrets, survenus au printemps dernier. En plein confinement, deux militants de gauche – qui souhaitent garder l’anonymat – ont réussi à contacter la désormais très discrète Christiane Taubira. Les deux lui ont soumis une proposition: lancer une pétition en ligne pour l’inciter à se présenter en 2022. Selon eux, l’ancienne garde des Sceaux de François Hollande est la seule capable à gauche de déjouer le match retour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

L’ancienne ministre, que l’on sait sceptique sur une aventure présidentielle, a donné son feu vert. Avec une question en tête: la mèche prendra-t-elle? Sur France Inter, fin septembre, elle avait déclaré: «S’il se dégage que c’est à moi qu’il reviendra de tenir le gouvernail (…) oui, je serai là.» L’heure est enfin venue d’en avoir le cœur net, alors que les sondages la placent toujours haute dans l’électorat de gauche.

La pétition, lancée début décembre et hébergée sur le site internet taubirapour2022.fr, a pour l’instant recueilli plus de 15.000 signatures. Certes, comparaison n’est pas raison, mais ce premier bilan est loin, très loin, de celui de Jean-Luc Mélenchon. À l’automne, le chef de La France insoumise avait lui réussi à obtenir 150.000 soutiens en ligne en quatre jours – une condition qu’il s’était dressée pour officialiser sa candidature. «C’est vraiment différent. Mélenchon a lancé l’appel à ses militants au journal de 20 heures de TF1 en expliquant qu’il voulait être candidat», rappelle un membre du comité de pilotage.

«Une autorité indéniable»

Pour faire décoller le compteur, les soutiens de l’ancienne garde des Sceaux misaient sur la diffusion d’un reportage consacré à l’initiative au journal de 20 heures de France 2, initialement prévu pour la fin de l’année 2020. Le sujet a finalement été repoussé, et devrait être diffusé au cours du mois de janvier. En attendant, les petites mains s’organisent. Une soixantaine de comités de soutien locaux ont été lancés partout en France pour essayer de donner du volume à la pétition. Christiane Taubira est, elle, informée par ses proches qui font le lien avec les militants.

Retiré de la vie politique, Benoît Hamon, a lui aussi apporté un coup de pouce. «On a besoin d’elle. J’espère qu’elle dira oui. Elle a une autorité indéniable. Elle incarne la République et la solidité des principes républicains. Elle est l’une des seules à pouvoir réunir toutes les composantes de la gauche», a affirmé l’ancien candidat socialiste à la présidentielle à Ouest-France fin décembre.

Si elle ne croit pas à son retour, son ancienne collègue ministre Aurélie Filippetti souligne: «C’est une personne extraordinaire avec de grandes valeurs. Elle fait partie de ses quelques personnalités à gauche capables de proposer des idées, de reprendre le drapeau», affirme l’ancienne ministre de la Culture de François Hollande.

À gauche, certains soupçonnent surtout Christiane Taubira de constituer en sous-main une écurie qui viendrait ensuite soutenir une candidature de gauche à la présidentielle. Un stratagème qui permettrait à l’ancienne ministre de peser en interne, et d’acter un potentiel en retour en politique.

  • Le Figaro du 6 janvier 2021, par Pierre Lepelletier

Le projet de loi bioéthique au Sénat: mobilisons-nous!

Le 19 janvier 2021, le projet de loi bioéthique est examiné au Sénat. La Manif Pour Tous réveille le débat à cette occasion et remobilise contre ce projet de loi, plus particulièrement contre la PMA sans père et contre la GPA.

À l’heure où le gouvernement a du mal à faire face à la crise sanitaire, le retour précipité du projet de loi bioéthique au Sénat dès la semaine prochaine (examen en commission spéciale bioéthique le 19 janvier après-midi) traduit l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, de Jean Castex et d’Olivier Véran.

Comment celui-ci, Ministre de la Santé, peut-il être mobilisé pour faire face à l’urgence sanitaire et suivre en parallèle un projet de loi aussi vaste, complexe, technique et porteur de conséquences aussi graves pour l’humanité de chacun d’entre nous ?

En ce début d’année où la vie démocratique est fortement dégradée, La Manif Pour Tous dénonce l’injustice d’un projet de loi qui va conduire à priver volontairement des enfants de père, à détourner la médecine de sa finalité, à autoriser des expériences d’apprentis-sorciers sur l’être humain.

Les cadres de La Manif Pour Tous, à Bordeaux, à Cognac et comme dans bien d’autres villes de France, se mobilisent pour appeler au contraire à protéger l’intégrité de l’être humain et à soutenir la famille, premier lieu de solidarité et refuge pour les plus vulnérables, en particulier dans la période de crise que nous traversons depuis près d’un an.

Où que vous soyez, venez-nous rejoindre pour manifester dans toutes nos villes le samedi 30 janvier 2021 prochain, et exprimer votre opposition à un projet de loi aussi dangereux qu’injuste. À Cognac, la manifestation débutera à 14 h 00 Place François Ier.

La révolution silencieuse

L’éditorial du Figaro Magazine: «Révolution silencieuse»

Un foetus à 14 semaines

IVG, PMA, la majorité parlementaire LREM bouleverse à marche forcée les grands équilibres éthiques. Mais pour Guillaume Roquette, directeur de la rédaction, l’histoire n’est pas encore écrite.

C’était en avril 2018. Devant les évêques de France réunis au collège des Bernardins, Emmanuel Macron avait salué l’engagement des catholiques dans la protection de la vie, «en particulier lorsque cette vie est sans défense», et il avait cité celle de l’enfant à naître. Il avait également demandé que le Conseil national d’éthique organise des «états généraux de la bioéthique» sur la législation à venir, en particulier l’accès des couples de femmes à la procréation médicalement assistée. Beaucoup, à l’époque, s’étaient félicités de cette main tendue du chef de l’État.

Deux ans et demi après, où en sommes-nous? L’avis de la grande majorité des participants à ces états généraux, qui étaient favorables au statu quo sur la PMA, a été délibérément ignoré, alors même qu’Emmanuel Macron avait indiqué pendant sa campagne présidentielle qu’il souhaitait voir un consensus émerger sur ce sujet. Le 31 juillet dernier, en pleine urgence sanitaire, les députés ont adopté en deuxième lecture un projet de loi dit «bioéthique» qui instituait non seulement la PMA sans père, mais plusieurs autres mesures porteuses de transgressions anthropologiques inédites. Par exemple, l’insertion de cellules humaines dans des embryons d’animaux à des fins de recherche.

Jeudi dernier, les députés ont adopté en première lecture un autre texte, repoussant de 12 à 14 semaines la date limite pour pratiquer une IVG, malgré l’avis négatif du Collège national des gynécologues et obstétriciens. Dans une volonté de banaliser l’acte, ils ont également supprimé la clause de conscience spécifique liée à l’interruption volontaire de grossesse, malgré l’opposition de l’ordre national des médecins. Cette clause avait été voulue par Simone Veil lors du vote de la loi portant son nom car, disait-elle, «on ne peut obliger personne à aller contre ses convictions». Rappelons aussi que, dans le cadre de la loi «bioéthique», les députés avaient déjà autorisé en juillet l’interruption médicale de grossesse jusqu’au jour de la naissance en cas de «détresse psychosociale». L’objectif du planning familial de supprimer tout délai d’accès à l’IVG n’est plus très loin.

Alors que le pays regarde ailleurs, obnubilé par la crise sanitaire, la majorité parlementaire LREM bouleverse à marche forcée tous les grands équilibres éthiques qui structuraient jusqu’ici la famille et la transmission de la vie humaine. Cette révolution sociétale, sauf l’extension de la PMA, n’était pourtant nulle part annoncée dans le programme d’Emmanuel Macron et ni lui ni son gouvernement ne la soutiennent officiellement. Mais ils laissent faire, dans un silence qui permet d’éviter tout débat sur ces questions pourtant cruciales. Sauf que l’histoire n’est pas encore écrite puisqu’aucun des textes votés à l’Assemblée, que ce soit sur l’extension de la PMA ou de l’IVG, n’est définitivement adopté. Il reste plusieurs mois de procédure parlementaire pour porter ces sujets en pleine lumière. Ils le méritent.

Par Guillaume Roquette