Act Up condamné pour avoir injurié publiquement La Manif pour tous, Le Parisien, 27/11/2019
Le tribunal correctionnel de Toulouse a estimé mardi que le slogan « Manif pour tous homophones assassins complices du SIDA » relevait de l’injure publique. « Je suis insultée en permanence. Au bout d’un moment, on ne peut plus laisser passer ça. » Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous, nous résumait ainsi son état d’esprit, quelques jours avant le procès de l’ex-présidente d’Act Up Sud-Ouest pour « injure publique » qui s’est tenu le 10 septembre à Toulouse (Haute-Garonne).
Le délibéré rendu mardi par le tribunal correctionnel a donné raison à Ludovine de la Rochère. Les magistrats ont considéré que le slogan « Manif pour tous homophones assassins complices du SIDA », inscrits sur une banderole et plusieurs affiches déroulées et brandies en mai 2017 dans la Ville rose par des militants d’Act Up, constituait une injure publique. Louise Loudriou, l’ex-présidente d’Act Up Sud-Ouest, qui était l’unique prévenu au procès, a été condamnée à une amende de 300 € avec sursis, ainsi qu’à verser 1 € symbolique à l’association La Manif pour tous et 1 000 € pour les frais de justice.
La Manif pour tous, qui s’était fait connaître en protestant dès 2012 contre la loi sur le mariage pour tous, au nom des valeurs de la famille traditionnelle, avait porté plainte avec constitution de partie civile suite à des faits survenus le 30 mai 2017. Jour où l’association avait organisé à Toulouse une rencontre pour débattre de la PMA et de la GPA. « Quand nous sommes arrivés devant la salle, il y avait des militants d’Act Up qui empêchaient la tenue de la conférence. Ils étaient tellement violents que nous avons dû faire la conférence à un autre endroit », nous indiquait Ludovine de La Rochère avant le procès.
« C’est en condamnant que le juge sauvegarde la liberté d’expression »
Jointe également avant l’audience, Louise Loudriou réfutait ces accusations de violence. « C’était une action de visibilité qui ressemblait à toutes celles que nous avons l’habitude de faire. On prépare des slogans dénonçant l’homophobie et on utilise du faux sang. Ce n’était pas violent, on était même sur le trottoir d’en face. On a toujours fait ça depuis 2013. Ce sont des contre-rassemblements pour montrer qu’on est contre les idées de La Manif pour tous », argumentait la militante.
Le tribunal était de toute façon chargé de statuer sur des mots, et non sur des actes. Il n’a pas suivi les réquisitions du parquet, qui avait demandé la relaxe de la prévenue. La militante avait du reste assumé le slogan incriminé à l’audience. « En condamnant Louise, c’est la lutte contre le SIDA et les discriminations LGBTI-phobes qui est bâillonnée. Nous renouvelons notre entier soutien à Louise qui va faire appel de cette condamnation », a réagi dès mardi Act Up Sud-Ouest sur Facebook.
De son côté, La Manif pour tous estime « qu’il est des cas où c’est en condamnant que le juge sauvegarde la liberté d’expression. » « Si l’on tolère que, en cas de désaccord, chacun puisse se mettre à hurler des injures pour faire taire l’opposition, c’est l’existence même du débat qui disparaît et la société qui devient impossible », développe Ludovine de La Rochère, dans un communiqué ce mercredi.
Par Geoffroy Tomasovitch